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Prix et marges « On ne couvre pas la réalité des coûts de production »

« Les prix payés aux agriculteurs en 2017 ont été à nouveau inférieurs à la réalité des coûts de production et n’ont pas couvert la rémunération du travail ni du capital », a détaillé Philippe Chalmin, président de l’OFPM, au ministère le 19 juin. © R. Fourreaux

L’Observatoire des prix et des marges a livré ce mardi 19 juin 2018 son dernier rapport. Alors que le projet de loi sur l’alimentation est débattu au Parlement, son rôle est plus que jamais mis en avant.

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Instabilité des prix agricoles, stabilité des prix à la consommation. Rien de bien nouveau dans le dernier rapport de l’Observatoire de la formation des prix et des marges (OFPM)… « Au fond, 2017 a apporté son lot désormais habituel d’excédents et de pénuries, de tensions et de marasme au sein desquels l’ensemble des acteurs des filières doivent optimiser leurs stratégies », commente Philippe Chalmin, le président de l’OFPM.

Légère remontée des prix

À l’exception du porc, et malgré une amélioration globale des prix payés aux agriculteurs en 2017 (+3 % en moyenne par rapport à 2016), ces derniers « ont été à nouveaux inférieurs à la réalité des coûts de production et n’ont pas couvert la rémunération du travail ni du capital, et cela même en tenant compte des aides européennes », souligne l’économiste.

L’Observatoire n’est au service d’aucun maillon particulier des filières

Philippe Chalmin, président de l’OFPM, le 19 juin 2018

En blé aussi, les prix restent bas. Mais dans son communiqué, le ministère de l’Agriculture tient à présenter les choses de manière positive : « Le rendement moyen des exploitations est revenu à la normale après une année 2016 hors normes. Dans ces conditions, la vente des produits et les subventions permettent de couvrir en quasi-totalité les coûts de production des céréaliers, rémunération comprise. » Les intéressés apprécieront la formule.

Concernant le lait, « la hausse du prix est à relativiser, commente l’APCA (Assemblée permanente des chambres d’agriculture). Elle provient seulement de l’envolée exceptionnelle du prix du beurre à la fin de 2017, mais sans réelle incidence sur la rémunération des éleveurs ».

Ombre et lumière chez les industriels

À l’autre bout de la chaîne, les distributeurs affichent une marge nette de 1,7 % avant impôt en 2017, contre 1,3 % en 2016. Quant aux industriels, la lumière se fait chaque année davantage sur leurs comptes. L’OFPM propose dans sa dernière cuvée, les résultats des industries des viandes pour les neuf premiers mois de 2017 : « Le résultat courant avant impôt passe de 1,3 % du total des produits en 2016 à 1,2 % en 2017 », indique-t-il.

J’espère bien pouvoir vous présenter en 2019 les chiffres de l’industrie laitière !

Philippe Chalmin, président de l’Observatoire de la formation des prix et des marges

L’ombre demeure en revanche sur le secteur laitier. « Même avec l’entière coopération des industriels, coopérateurs ou privés, comme c’est le cas aujourd’hui, l’exercice est très compliqué, justifie Philippe Chalmin. Nous en sommes encore au stade de la méthode, pour définir ce que nous devons chercher. Ce sera notre grand effort pour l’année à venir et j’espère bien pouvoir vous présenter en 2019 les chiffres de l’industrie laitière. »

Renforcement des moyens

Ce serait une grande avancée pour l’Observatoire, qui doit gagner en crédibilité pour satisfaire aux ambitions portées par le projet de loi sur l’alimentation, actuellement en discussion au Parlement.

Stéphane Travert, ministre de l’Agriculture, a demandé à FranceAgriMer un renforcement des moyens destinés à l’Observatoire. © R. Fourreaux

Présent lors de la présentation du rapport, le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, a confirmé le renforcement des moyens affectés à l’OFPM et à la collecte des données. Mais seront-ils à la hauteur des nouvelles missions probables de l’OFPM ? Car en l’état actuel du texte, il lui reviendrait de se substituer aux interprofessions pour élaborer des indicateurs de prix, si ces dernières ne le font pas. Une mesure votée par les députés, contre l’avis du gouvernement qui préférerait le limiter à un simple rôle d’accompagnateur technique des filières. En tout état de cause, voilà l’Observatoire remis au centre du jeu.

Alain Cardinaux

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